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Étude "Dataviz" : Quelle influence de Souveraine Tech sur X (Twitter)?

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Voici un étude #Dataviz réalisée par Guillaume Sylvestre, expert en analyse de l’influence et de la désinformation sur les réseaux sociaux, chercheur associé à l’Ecole Nationale Supérieure de la Police, directeur Digital Intelligence de l’ADIT
Souveraine Tech, au cœur des défenseurs de la souveraineté industrielle, numérique, et technologique sur Twitter (X)

Le souverainisme n’est plus un tabou politique, c’est un fait. La crise Covid a révélé la fragilité et la dépendance de nos économies, et cette thématique auparavant réservée aux extrêmes est reprise par presque l’ensemble du champ politique. A ce titre, la polémique suite à la désignation de l’américaine Fiona Scott Morton en tant qu’économiste en chef à la Direction Générale de la Concurrence de l’Union Européenne est révélatrice : la majorité de la classe politique française s’est indignée du choix d’une américaine à ce poste, par ailleurs ayant travaillé pour les GAFAMs. Si elle a finalement choisi de démissionner, notons que son prédécesseur partageait un parcours similaire, et indiquait dans une interview que si l’industrie européenne n’était pas compétitive, elle n’avait qu’à disparaitre …

Afin d’analyser plus concrètement qui porte ce discours aujourd’hui, j’ai capté via la plateforme de veille Visibrain l’ensemble des conversations Twitter autour de la souveraineté technologique, via les termes suivants : #souverainetétechnologique, et souveraineté ajoutée à technologique / industrielle / numérique. Du 1er mai au 24 septembre 2023, cela donne un peu plus de 21 000 tweets, avec un pic mi-juillet lié justement à la polémique autour de Fiona Scott Morton :

 

Les tweets les plus repris correspondent en effet à ce sujet :

Néanmoins, ce ne sont pas forcément les plus influents : les politiques ont un réseau d’abonnés important qui leur assure de la visibilité, mais celui-ci fonctionne souvent en vase clos. L’utilisation de la datavisualisation, via l’outil d’analyse en sciences sociales Gephi, permet de cartographier les liens entre les individus selon leurs mentions Twitter. Cela permet de reconstituer les communautés actives autour d’une thématique, et d’identifier les acteurs au centre du réseau.

Des politiques actifs mais isolés, à côté d’acteurs moins repris mais plus centraux

L’influence, ce n’est pas seulement la capacité à être repris par son réseau. Un point clé pour qu’un message porte est d’arriver à toucher d’autres acteurs dans d’autres communautés. La datavisualisation des tweets, en valorisant la taille des comptes en fonction de leurs mentions, montre un réseau globalement éclaté sur le sujet de la souveraineté technologique, avec des acteurs politiques dont les communautés ne se parlent pas :

 

Pour autant, on note au centre une communauté violette autour du compte de @SouveraineTech, animé par Bertrand Leblanc-Barbedienne, dont la défense des thématiques de souveraineté en fait logiquement un acteur central. Son influence était déjà visible en 2020 sur le sujet, quand il a commencé à s’y intéresser.

Une seconde datavisualisation, utilisant un algorithme valorisant les acteurs au centre des échanges, qui influent sur plusieurs communautés, est ainsi révélatrice de l’influence de @SouveraineTech sur les échanges autour de la souveraineté technologique :

 

On notera également le score important de Thomas Fauré, président et fondateur de Whaller, plateforme collaborative souveraine, auprès duquel Bertrand Leblanc-Barbedienne exerce des fonctions de conseil. Très actif sur les sujets autour de la souveraineté numérique, sa pétition contre la nomination de Fiona Scott Morton a été largement reprise et diffusée, notamment par des politiques :

Quelques politiques peu repris mais influents sur la souveraineté numérique

L’utilisation d’un algorithme de spatialisation permet d’adapter la distance entre les communautés, pour une meilleure visualisation de celles-ci, tout en gardant une distance entre les acteurs, liée à leurs interactions. Cela permet de constater les liens entre la communauté de @Souverainetech (en violet) et celle de @faure_t (en bleu). Une partie de la communauté de Thomas Fauré a également repris des tweets ciblant le compte de la Commission Européenne.

Cartographie des comptes Twitter au centre des échanges sur la souveraineté technologique du 1er mai au 24 septembre 2023

Deux politiques de la majorité se retrouvent également dans la visualisation des comptes plus centraux dans les échanges :

 

 

Notons que ces deux élus sont membres du Modem, un parti tout désigné pour s’intéresser à la souveraineté numérique !

La communauté de SouveraineTech, mélange d’experts et de politiques de tous bords réunis autour de la défense de la souveraineté technologique

Avec près de 10% du total du corpus, la communauté autour de SouveraineTech est la 3ème plus importante – la première avec 15% du corpus correspondant aux réactions ciblant la Commission Européenne sur la nomination de Fiona Scott Morton, la seconde aux reprises de la pétition de Thomas Fauré (12% du corpus). La communauté de SouveraineTech reste la plus centrale.

Cartographie de la communauté de @SouveraineTech sur Twitter (mentions de la souveraineté technologique, industrielle ou numérique du 1er mai au 24 septembre 2023)

 

On retrouve plusieurs profils, au cœur des sujets de souveraineté technologique :

 

  • Catherine Morin-Desailly, sénatrice centriste très impliquée sur les sujets numériques, par ailleurs reprise par les experts du secteur notamment pour ses interventions sur la loi visant à sécuriser et réguler l'espace numérique.

  • Fadhila Brahimi, experte des sujets numériques, qui organise des live pour échanger avec des personnalités, par exemple @platombe et @pbeyssac (porte-parole du parti pirate) sur la levée de l’anonymat sur Internet – qui théoriquement n’existe pas pour autant que les plateformes acceptent de répondre aux réquisitions dans des affaires de harcèlement en ligne…
  • Claude Revel, mentionnée notamment via un entretien avec SouveraineTech, pionnière des politiques d’intelligence économique en France dans les années 90, ancienne Déléguée interministérielle à l'intelligence économique dans les années 2010.

Au-delà, on notera une relative diversité dans les profils qui mentionnent @SouveraineTech, sur un spectre politique très large, de façon assez similaire à d’autres acteurs qui s’intéressent à ces sujets, tel que Thinkerview.

Classement des comptes Twitter avec le plus d’abonnés ayant repris @SouveraineTech

Si le sujet de la souveraineté technologique et numérique a réussi à s’imposer ces dernières années, touchant même la majorité présidentielle qui y était si peu sensible il y a encore deux ans (cf scandale du Health Data Hub …), c’est en grande partie grâce au travail effectué par @SouveraineTech pour sensibiliser sur le sujet, et valoriser les acteurs français du numérique et de la souveraineté. Ceux-ci prennent de plus en plus la parole, n’hésitent pas à dénoncer des décisions politiques, ce qui aurait été impensable il y a quelques années (cf la pétition contre Fiona Scott Morton), et à prendre leur part au débat public. 

Il ne manque maintenant plus qu’aux leaders français du numérique et des secteurs souverains d’être plus présents dans le débat public, d’investir plus en influence et en lobbying : ce sont les GAFAM aujourd’hui qui mettent le plus de moyens, car ils savent que nous sommes à un tournant, et le vent ne va pas dans leur sens ... Espérons que le premier colloque de SouveraineTech vendredi 29 septembre à Saint-Malo soit l’occasion de coordonner de premières actions à destination du législateur, pour faire renaitre la souveraineté technologique et numérique française !

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