Notre interview par Liberté Numérique

Liberté Numérique nous a fait l’honneur de nous interviewer. Nous publions ici la première question de l’entretien et vous invitons à en lire la suite sur leur site. 

Bertrand Leblanc-Barbedienne est le créateur du compte Twitter SouveraineTech et de la lettre d’information éponyme qui propose chaque semaine des interviews de haut vol. Il a répondu à nos questions sur la « souveraineté technologique », le contrôle social et les libertés publiques…

Liberté Numérique : Comment est née « SouveraineTech », quelles motivations vous animent, que ce soit sur les réseaux sociaux ou via votre lettre d’information ?

Bertrand Leblanc-Barbedienne :
SouveraineTech ne serait pas née sans mon expérience de directeur de la communication chez Whaller. C’est là que j’ai été sensibilisé aux enjeux de souveraineté numérique par Thomas Fauré, qui préside à la destinée de cette entreprise, et qui en a matérialisé l’idée même avec sa plateforme.

Et puis fin 2019, j’ai entendu le président de la République évoquer le thème à plusieurs reprises. Je me suis dit alors que le sujet allait certainement croître en importance. J’ai donc décidé de m’en emparer et d’en traiter tous les aspects à travers un compte Twitter, pour commencer.

Selon moi, la technologie, c’est le discours sur la technique. Et la technique, ce sont les moyens, les instruments, les outils. Si bien que la souveraineté technologique désigne tous les moyens de rester maîtres de cet outil. On peut ne plus l’être quand cet outil vous asservit. On peut aussi ne plus l’être quand cet outil est conçu ou commercialisé par des puissances étrangères concurrentes et potentiellement hostiles.

Ce sujet de la souveraineté technologique passionne dès lors que l’on intègre que tout est outil parmi les moyens auxquels une communauté doit avoir recours pour subvenir à ses besoins. C’est l’ensemble de ce que l’on appelle la chaîne de valeur, et cela intègre les ressources, les matières premières, la logistique, les réseaux de distribution, mais aussi la propriété industrielle ou le génie propre etc. Voyez, par exemple, selon moi, la langue anglaise est un outil. Qu’est-ce que le recours massif à cet outil en France induit de dépendance, d’acculturation, voire de soumission à un modèle à l’origine duquel se trouvent les pays locuteurs natifs de cette langue ?

L’honnêteté commande de vous dire aussi que j’ai créé SouveraineTech pour m’aider à retrouver une situation, en étant d’emblée dans « l’effectuation » chère à Silberzahn, plutôt que dans la sollicitation. L’idée de départ était de constituer un canal d’information qui cerne bien le sujet et ses acteurs. Cela a plutôt bien marché. Je crois être parvenu à constituer une belle communauté en croissance constante.

Ma plus grande fierté est d’avoir suscité l’intérêt d’acteurs aux vues idéologiques divergentes. Certains parmi eux récusent même l’idée de souveraineté technologique. Je pense aussi être parvenu à rendre justice à ce terme mal compris de souveraineté technologique. Au début les gens vous collent des étiquettes. « Dites moi Bertrand, vous ne seriez pas un petit peu souverainiste par hasard ? » (Horresco referens, naturellement) Ah ce besoin d’ «  ismes » en France, c’est incroyable. La valeur d’un point de vue personnel, chez chacun, c’est précisément la synthèse qu’il est parvenu à opérer entre des expériences, des informations et des idées. Nul n’est idéologiquement fait d’un seul bloc et c’est ce qui fait la richesse de chaque interlocuteur.

Reste que je n’ai sans doute pas choisi le combat le plus facile. Mais l’opiniâtreté avec laquelle je m’efforce de trianguler la notion de souveraineté technologique finit par payer, si j’en crois mes interlocuteurs qui me demandent souvent en DM de « passer » une information. Tout cela a évidemment une valeur que je m’attèle à développer. Des associations ont même été envisagées avec de belles entreprises et des figures attachantes. Mais nous en sommes restés au stade des fiançailles, qui, comme chacun sait, sont faites pour être rompues. Je ne désespère pas cependant de rencontrer des partenaires déterminés, des titres de presse ou des investisseurs qui aient conscience de l’utilité autant que du potentiel de SouveraineTech pour me permettre de lui donner une autre dimension, tout en conservant une certaine liberté de ton. On me reproche parfois ma véhémence. Mais ça n’est souvent que l’expression d’une sainte colère contre des états de faits incompréhensibles. C’est de l’ire !

Enfin, j’ai entamé il y a trente semaines un exercice hebdomadaire d’entretien, qui est diffusé dans notre newsletter. Mes invités sont d’une grande variété : des entrepreneurs, des universitaires, des militaires, des politologues etc. Jamais je n’avais encore été interviewé moi-même. Il fallait que ce fût vous : merci !

Lisez la suite de l’interview sur le site de Liberté Numérique.