Excellence de la French Tech - Un architecte face aux Cassandres
Avertissement : Souveraine Tech revendique par vocation une approche transpartisane. Seule nous oblige la défense des intérêts supérieurs de notre pays. Nous proposons ainsi un lieu de « disputatio » ouvert aux grandes figures actives de tous horizons. La parole y est naturellement libre et n’engage que ceux qui la prennent ici. Cependant, nous sommes bien conscients des enjeux en présence, et peu dupes des habiles moyens d’influence plus ou moins visibles parfois mis en œuvre, et dont tout un chacun peut faire l’objet, ici comme ailleurs. Nous tenons la capacité de discernement de notre lectorat en une telle estime que nous le laissons seul juge de l’adéquation entre le dire et l’agir de nos invités.
Et si au lieu de regarder le numérique français comme un verre à moitié vide, nous regardions surtout ce qui va. Quel vivier avons-nous, quelles qualités abritons-nous, quelles opportunités s’offrent à nous ?
Décembre 2023. Nos administrations préfèrent Azure pour le Health Data Hub. Car les autres clouders français ne sont pas assez “SecNumcloud” ou pas assez prêts. Alors qu’Azure n’est pas du tout SecNumCloud (https://next.ink/126283/ca-va-etre-sanglant-la-cnil-autorise-les-donnees-de-sante-chez-microsoft/). Mot à mot c’est ce qui est dit. Tirage de balle dans le pied ? Éternel renoncement français sur le numérique ?
Désolé de faire entendre une voix discordante alors. Ma modeste et empirique voix d’architecte de systèmes d’informations en société de conseil. Une voix face aux cassandres du défaitisme. Voix modeste, même si j’ai régulièrement une position de prescripteur. Voix empirique, à la suite de l’établissement d’un annuaire de plus de 900 solutions françaises (voir https://grenouillemoi.fr) qui m’a permis de rencontrer et d’échanger avec un grand nombre d’acteurs. Voix empirique encore, à la suite de l’écriture d’un livre blanc sur 10 solutions PaaS françaises. Et en réalité, cette voix a un message simple : Les French Tech offrent des bonnes solutions !
Les solutions françaises sont (très) bonnes
Il n’y a pas que Dassault Systèmes (au demeurant très bon) en France. Il y a aussi un très grand nombre de solutions, souvent spécialisées, qui sont des références dans leur propre secteur. Et y compris sur le plan international. Bien sûr, certaines solutions ne sont pas nécessairement prêtes à supplanter leurs grands concurrents. Mais si nous cessions un peu de voir constamment le verre à moitié vide ?
Que répondre à une entreprise de 40 personnes qui fait plus de 75% de son CA à l’international ?
Que répondre à toutes ces entreprises françaises qui sont des références de leur segment ?
Que répondre aux entreprises présentes dans un Magic Quadrant du Gartner ?
Français égal nul ? Il semblerait que non.
Peut-on en citer ? Oui. Scality. Prestashop. Vates. Astran. Harfanglab. Contentsquare. Payfit. Datagalaxy. Bonitasoft. Parmi plein d’autres. Tout en essayant de ne pas faire trop de jaloux… Et pour avoir zoomé sur les solutions PaaS françaises, et connaissant bien certains Hyperscalers, et bien oui dans un grand nombre de cas d’usage je préférerais une PaaS française. Et cet avis est partagé. Par honnêteté intellectuelle, choisir un hyperscaler fait sens pour certains cas d’usages. Dont certains totalement de niches et propre à l’hyperscaler en question. Mais pour une très grande partie des projets informatiques que j’ai pu croiser, il n’y avait pas besoin de leurs spécificités. Et à l’heure du multi cloud et du cloud hybride, ce n’est pas un non-sens absolu de « patchworker » ses fournisseurs. C’est même une très bonne idée. Et si mon positivisme vous surprend, dites-vous bien que les clouders français bénéficient des retours d’expérience de leurs prédécesseurs. Ça aide. Et ça a bougé depuis ces dix dernières années.
Les solutions françaises sont plus sûres
Acheter français, c’est avoir un contrat français. Pas besoin de maîtriser le droit d’un autre pays. C’est aussi une bien plus grande assurance du respect des réglementations européennes qu’un acteur extra-européen. Une plus grande robustesse aux soubresauts juridiques potentiels du Data Privacy Framewok. Et une plus grande chance d’être FISA-PROOF ( voir https://www.01net.com/actualites/philippe-latombe-la-loi-fisa-cest-une-bombinette-qui-pourrait-faire-voler-en-eclat-notre-souverainete-numerique.html et https://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-fisa-section-702-les-us-prolongent-son-permis-de-surveillance-a-l-etranger-93552.html ).
Tout n’est pas parfait certes, mais n’espérez pas forcément mieux en dehors de l’union européenne. Et attention au Sovereign Washing ! La portée de la loi FISA n’invite pas à utiliser du code américain… Mais l’aspect juridique n’est pas le seul point important. Une attention toute particulière doit être portée sur l’infrastructure.
Souhaitez-vous un Engie et un EDF Russe ?
Un Orange Chinois ?
Ce n’est pas pour rien si ces questions vous semblent saugrenues.
Alors des infrastructures américaines, qu’en penser ?
C’est la pleine indépendance de la France, la maîtrise de nos coûts et la sauvegarde de nos compétences qui sont en jeu. En plus d’être un captateur de valeur ajoutée redoutable. Et tant mieux pour les clouders français si SecNumCloud est la norme la plus exigeante en Europe. L’exigence en argument commercial. Et donc oui, utiliser des solutions et des infrastructures françaises est plus sûr !
Les solutions françaises sont concurrentielles
Peut-être le critère le plus subjectif, sachant que tout le monde n’affiche pas ses prix sur Internet. Mais à de rares exceptions, quand les prix sont publics, ils sont très souvent inférieurs à la concurrence. Et pas qu’un peu parfois ! Et c’est sans compter sur des egrees fees (coût de sortie des données si vous préférez) plus bas voire inexistants. Mais cela ne concerne pas que le coût.
Concernant la richesse fonctionnelle, peut-être que parfois elles sont “en dessous”, mais clairement elles contiennent les fonctionnalités qui sont réellement nécessaires. Et mon expérience voyant très souvent un CRM utilisé comme un fichier Excel évolué, cela laisse de la marge…
Les solutions françaises couvrent beaucoup de types de technologies
Ma grande surprise fut de découvrir le spectre très large de solutions existantes. SI RH, CRM, ERP, Fonctions finances, Facturation, etc… En gros la majorité des types de logiciels que l’on retrouve dans n’importe quel SI existe en France. Et le nombre de solutions spécifiques à un métier est aussi très large. Il n’est pas illusoire de penser qu’entre solutions françaises et open source, on puisse monter tout un SI.
Autre surprise, le nombre de solutions de cybersécurité française. N’étant pas de ce monde je ne saurais juger de la complétude de l’offre, mais le spectre est clairement large. Et la communauté est très sympathique ! Une raison de plus d’espérer dans notre souveraineté numérique.
Les solutions françaises paient leurs impôts en France
Ai-je vraiment le besoin d’étayer ? Pour être honnête, cette assertion est toutefois difficile à vérifier à 100%. Mais les solutions extra-européennes qui ne paient pas ou trop peu d’impôts en France existent, elles, bel et bien…
Les solutions françaises sont plus « proches »
Cela peut couler de source, mais figurez-vous que ça aide si on souhaite avoir un support en Français ! Et cette proximité, par son existence même, permet de garantir une chaîne industrielle de l’IT présente en France. Favorisant ainsi le fait que la France reste à la page sur ces sujets. Et donc nous tous.
Autre constat, la French Tech est présente sur tout le territoire français. En effet, la R&D n’a pas besoin d’être à Paris, et le modèle des startups parisiennes n’est pas le seul modèle !
Les solutions françaises savent faire plus avec moins
Une de mes grosses surprises. Très régulièrement, je me suis prêté à l’exercice de la comparaison Chiffre d’affaires/Nombre d’employés. Entre entreprises françaises et non françaises d’un même secteur. Et j’ai pu voir qu’un ratio de 3 est très courant. Pour des entreprises parfaitement concurrentielles. Aucune honte à avoir je pense.
Un pessimisme déconnecté de la réalité ?
Alors amis, collègues, confrères, clients travaillant dans les DSI, n’hésitez pas à aller chercher des sociétés françaises pour vos appels d’offres. Cela devrait même être un must-have. Car vous risquez aussi d’être agréablement surpris !
J’ai pu prendre contact avec plein d’entreprises, souvent très heureuses d’être mises en lumière. Car elles font le travail tout en subissant une visibilité qui n’est pas à la hauteur de leurs qualités. Et arrêtons le misérabilisme et le négativisme ! Qui croyait en Airbus ? En Ariane ? A leurs débuts peu de personnes. Alors que nous avons déjà un certain nombre d’Airbus du numérique devant nos yeux.
“Le pessimisme est affaire d’humeur, l’optimisme est affaire de volonté” – Blaise Pascal