e-fortification

Nous célébrons aujourd’hui la Journée mondiale et européenne de la protection des données. Par un malheureux hasard du calendrier, notre Ministère de la Justice a été hier la victime d’une demande de rançon des hackers de Lockbit 2.0.

Les cybercriminels menacent de publier dans deux semaines les données volées. Pas un symbole de force comme un puissant État ou même de charité, comme un hôpital, ne semble donc aujourd’hui susceptible d’arrêter l’action criminelle de ces groupes. La souveraineté technologique peut dès lors être aussi entendue comme la capacité des structures régaliennes à ne pas se laisser dicter leur conduite, particulièrement sous la menace.

En attendant, et au regard de cette épée de Damoclès moderne, il y a fort à parier que la moitié de l’économie mondiale sera demain consacrée à l’e-fortification de l’autre.




Métavers à moitié vide

On ne parle que de lui. Le nouvel Alter Mundi, où tout sera, vous le verrez bientôt à travers vos holo-bésicles, tellement mieux !

C’est un peu le pendant virtuel de la conquête spatiale, un far west technologique riche de mille promesses; La perspective offerte à chacun d’une…Seconde Vie. Naturellement, surtout si l’on a vu et apprécié Ready Player One, cela ne peut que faire battre nos coeurs adulescents. Mais à y regarder de plus près, est-ce là autre chose que la course ad extra d’un monde lassé de lui-même ? Pendant ce temps, du côté de la physique quantique, un autre genre d’explorateurs découvre patiemment, à soigneux coups de pinceaux, les lois de la conscience, du temps, de l’espace ou de la matière…

Et vous, l’intrication, ça ne vous intrigue pas un peu ?Le cas de Schrödinger est mort. Vive le chat de Schrödinger !




Allo Houston ?

Le 7 janvier, la Revue du Digital a publié une nouvelle intitulée Nucléaire français : un Data Lake Microsoft pour entraîner ses intelligences artificielles”.

Nous sommes le 14 janvier, et les sondes de la conscience politique peinent encore à identifier des signes de vie sur la planète parlementaire. Si d’aventure vous avez un de ses habitants à portée de main et que vous maitrisez les premiers gestes de secours, n’hésitez pas à le ranimer ou à lui tendre un verre de schnaps. Merci. En attendant, préparez-vous à entendre les justifications les plus capillotractées au fait que des données relatives aux installations d’un Opérateur d’Importance Vitale (OIV) soient amenées à être exposées de près ou de loin à l’attention d’une multinationale étrangère.

Nous ne sommes plus à ça près.




Noces funestes et doigts dans la prise

L’année commence fort avec l’annonce des noces funestes entre Amazon et… Stellantis (ex-PSA).

Voilà que l’Europe prend la route sous assistance et surveillance américaines. C’est à se demander si notre industrie n’est pas prise de tendances suicidaires… Alexa n’a t-elle pas récemment conseillé à une fillette de 10 ans de mettre ses doigts dans une prise électrique ? Dieu seul sait la nature du conseil qu’elle pourra bien nous donner sur l’autoroute !

Heureusement, ce qui est défait par des Hommes peut être refait par d’autres.




Qui se soucie du “panamazonisme” ?

Dans un article publié dans l’Usine Digitale en 2015, le CTO dAmazon déclarait : 80% des entreprises du CAC 40 utilisent le cloud d’AWS”.

Il serait intéressant de savoir si les 20% de récalcitrants ont, depuis, abjuré ou non. Peut-être est-il encore des moyens de les amener à la lumière, par la force ou la raison ? Voyons, qu’ils admettent donc publiquement la robustesse et la résilience” du cloud américain ! Ah…Attendez, on nous souffle à l’oreillette qu’AWS a connu une nouvelle panne hier, 16 décembre. De nombreux services ont été affectés, tels que Duo, le service d’authentification à deux facteurs et de sécurité des points de terminaison, et Zoom. Qu’une grosse partie de l’économie mondiale s’appuie désormais sur un seul et même opérateur ne semble émouvoir personne. Cette concentration que l’on pourrait appeler panamazonisme” constitue une vulnérabilité monumentale pour le monde.

Mais vous allez voir qu’il se trouvera bien chez nous de petits commis de la grosse entreprise pour nous expliquer que tout est sous contrôle. Vous vous souvenez ? PLAY : Robustesse et résilience”.




Sur la plage arrière des autos

Deux nouvelles sont venues mordre douloureusement cette semaine.

La première, c’est le partenariat AFP-Google, dont le but est de purger la campagne présidentielle de toute «fakenews ». Et ceci, en toute indépendance éditoriale, grâce au soutien financier de Google”. Oxymore, quand tu nous tiens ! La seconde nouvelle, c’est la décision de la SNCF de confier l’hébergement de ses 7000 serveurs à Amazon Web Services. Allez… Ne faudrait-il pas simplement remettre une bonne fois pour toutes les clefs de la Maison France aux GAFAM ?

Les choses iraient sans doute plus vite. Pendant ce temps, la quasi-totalité de la presse, de la représentation nationale et des candidat(e)s à la présidence opinent du chef, en silence, comme les petits chiens sur la plage arrière des autos. À quand le sursaut ?




Tortue romaine et position dominante

Notre écosystème d’entreprises du numérique ne manque pas de pugnacité.

Voilà un moment qu’il se met en ordre de bataille contre les assauts répétés et pas toujours très loyaux des GAFAM sur notre sol. Ces derniers peuvent compter sur des relais plus ou moins naturels, plus ou moins intéressés, parfois même Ô sommet de l’État. Certes, les colloques sur le sujet font florès, des groupements romantiques se forment ici ou là, et les tribunes enflammées appellent au sursaut mais n’en peuvent mais. Réjouissons-nous cependant, car voici que le temps de l’action semble venu.

Ledit écosystème a revêtu la posture de la tortue romaine pour porter enfin un coup à nos assaillants. Une coalition de 30 éminents acteurs du numérique européen, menée par Nextcloud, poursuit Microsoft devant la Commission européenne pour comportement anti-concurrentiel. Les Américains ont tendance à dire que les Européens exploitent le droit pour se soustraire au sacro-saint jeu de la concurrence.

Mais que peut donc comprendre à la concurrence un pays qui ne l’envisage souvent que triomphalement juché sur les hauteurs de la position dominante ?




Les demi-lunes du clinicien

Les contempteurs de l’idée de souveraineté croient pouvoir déstabiliser leurs interlocuteurs.

Au moment même où vous prononcez le mot, ils vous regardent fixement en fronçant les sourcils, retirent leurs demi-lunes et en mordent nerveusement l’une des branches avec l’air du clinicien de bonne foi qui bute sur une difficulté, comme si le terme même n’était pas tout à fait clair. Il l’est parfaitement. En matière technologique, c’est à dire de discours moral sur l’usage des techniques, la souveraineté n’est rien d’autre que le maintien en les mains des nations de la maîtrise (conception, destination et usage) des outils qui garantissent la conservation et le bon développement de leurs communautés de destin.




Nos dépendances

Dans la presse quotidienne, cette semaine, vous aurez lu les propos démissionnaires et définitifs d’un certain institut sur notre relation aux géants américains en matière de cloud.

Il faudrait désormais coopérer” avec eux et nous contenter de protéger nos données. Outre le fait que cela est parfaitement contradictoire, le caractère inéluctable de ce tribut reste encore à prouver. Certains esprits fâcheux réduisent ainsi l’exercice de notre souveraineté technologique au choix de nos dépendances”.

Pourquoi pas, mais à condition qu’elles viennent flanquer notre puissance !




Politique d’abord !

De nombreuses nouvelles traduisent cette semaine la disposition de nos élites à faire primer l’économique sur le politique.

Un exemple parmi d’autres, ô combien emblématique : le partenariat stratégique noué par le groupe Carrefour avec Facebook, dans le but, tenez-vous bien, de contrecarrer Amazon. À quel moment cette entreprise nourricière” s’est-elle posé la question de l’intérêt supérieur du pays, mais aussi de ses collaborateurs et clients, livrés en pâture à une entreprise américaine, qui traîne derrière elle quinze années de scandales, et dont la lanceuse d’alerte Frances Haugen s’évertue actuellement à dénoncer la toxicité aux quatre coins du monde ?

Sans parler du manque à gagner pour les acteurs français du numérique ni du déficit déjà abyssal de notre commerce extérieur…